lundi 23 mars 2015

Le 4e étage

Cet étage, c'est celui où l'on va après avoir accouché. 
Plus tôt cette année, j'avais rencontré une midwife qui y travaille. J'étais rassurée car elle se débrouillait quand même pas si mal en anglais. Ici, les infirmières ont moins d'années de scolarité. Les midwives en ont trois de plus et elles doivent assister à des formations trois fois par mois. Elle sont disponibles avant, pendant et après l'accouchement. 

Tout d'abord, j'étais bien contente, car elle s'était assurée que j'aie une chambre privée. 


 

C'était vraiment beau. Contrairement aux hôpitaux où j'avais déjà mis les pieds, j'avais de grande fenêtres et un balcon. Disons que j'ai apprécié la brise du dix degrés que Mère Nature m'envoyait (mes chaleurs postpartum étaient officiellement commencées).

La première personne qui est venue me voir a dû retourner de bord après que je lui aille dit que je ne parlais pas l'allemand. La deuxième aussi. Une chance qu'il n'y avait pas d'urgence, car je serais sûrement déjà morte.

Finalement, j'ai compris que les plus jeunes parlaient l'anglais (ou le semi-anglais), tandis que les femmes plus vieilles ne le parlaient pas du tout.

Une d'elles est venue me voir en soirée, m'a regardée avec un air condescendant et m'a dit: kein deutsch??

Je lui ai répondu exactement ce que je réponds à tous ceux qui font la moue dans un cas comme celui-là: french first (en montrant un doigt) english second (en montrant un deuxième doigt) et deutsch third (vous connaissez la suite). 

So... kein deutsch, no. Désolée. 

Disons que ce soir-là, ce n'était pas le temps de me niaiser avec ma langue. 

J'ai eu un problème avec une veine dans ma jambe tout au long de ma grossesse. Le lendemain de mon accouchement, une partie de ladite veine (située "à l'extérieur" de ma cuisse) était enflée et m'empêchait de dormir du côté droit. 

On m'a donc appris que j'avais une thrombose veineuse superficielle. Je devais aller passer des tests afin de s'assurer que ce problème n'avait pas fait son chemin jusqu'à mes veines plus creuses. 

Vous souvenez-vous de mon post qui vous disait que l'hôpital était infiniment grand?

Eh bien le médecin m'a dit: une navette va venir te chercher dans vingt minutes. Tu dois aller au pavillon de radiologie passer un ultrason. 

Une navette??

Come on. 

Je me suis dit que c'était pas si pire, qu'il allait faire un ultrason de ma veine et que j'allais être de retour auprès de mon creton.

Non.

J'ai eu droit à un cours complet sur les veines. Honnêtement, c'était vraiment intéressant, mais je ne m'attendais pas à ce que l'ultrason soit effectué sur mon côté droit au complet: le pied, la jambe, le ventre, etc. Moins de 24 heures après avoir accouché, ça nous tente toujours moins de se faire gosser après...

Enfin sortie de là, je retourne à mon pavillon et Jf m'attend. Il jouait ce soir-là. Je lui ai dit que je devais sûrement me faire faire un bandage local de ma veine un peu plus tard et qu'il pouvait aller voir Laurent quand je ne serai pas là.

Il a dit: ok, je reviens, je vais aller me chercher deux bières dans l'auto. On s'entends-tu que j'ai essayé de cacher les bouteilles de bière dans la poubelle pour pas que la madame qui fait le ménage pense que je suis une mère alcoolique? Et puis là, je me disais que si j'essayais de les cacher et qu'elle le remarquait, ce serait encore pire. J'imaginais un psychologue venir me parler le lendemain matin.

De retour dans ma chambre, le médecin me dit: une navette vient te chercher dans deux minutes, tu dois aller au pavillon de la dermatologie faire ton bandage.

Une autre maudite navette...

Quand je suis partie de la maison le soir où j'ai accouché, je n'ai pas pris le temps de mettre mon manteau. Avoir su...

De retour dans la navette, on m'amène là où on doit poser mon bandage afin de faire de la pression sur ma veine. 

Disons que je ne m'attendais pas à ressortir de là avec une jambe à motricité 10%.

Interminable bandage trois épaisseurs: bandes de zinc humide, moumoute blanche, bandage, tape.



Le hic, c'est que je pouvais difficilement remettre mes espadrilles. Elle a donc sorti le méga long machin en plastique qui aide à rentrer ton pied comme il faut dans ton soulier. Pendant qu'elle s'occupait de ce manche, moi, je tentais de rentrer mon pied full bandage  dans le trou de mon espadrille.
Le pire arriva. Elle a rentré le manche dans "ma madame". Si elle avait eu de l'empathie, elle aurait lâché un "entschuldigung" rempli de regret, mais non. Ses excuses étaient vides d'émotions. Fak là, j'ai mal à "ma madame" et je ne suis pas contente.

Une fois sortie du petit cabinet, le médecin dit: je vais te reconduire en bas et tu peux marcher jusqu'à ton pavillon, ce n'est vraiment pas long. 

Pis la navette, elle? Pis "ma madame" qu'on vient de battre à coups de bâton (aucune exagération)?

Non seulement elle vient de m'apprendre que je dois marcher, mais elle me dit qu'elle n'aime pas les ascenseurs et qu'on va prendre les marches pour retourner en bas.

Je pensais vraiment qu'elle niaisait, mais après quelques secondes de réflexions, j'y ai pensé, et je me suis souvenue que les Autrichiens ne rient pas, eux.

J'ai donc marché jusqu'à mon pavillon avec ma nouvelle jambe humide serrée, un pied avec espadrille, l'autre avec un recouvre-chaussure qu'on nous donne quand on va chez le dentiste en hiver. L'autre chaussure, je l'avais dans mes mains car on n'a jamais réussi à rentrer mon pied à l'intérieur.

On m'a dit que je devais me piquer une fois par jour pendant 3 semaines (mon médecin a finalement changé ça pour 6 semaines) afin de faire passer les caillots de sang logés dans ma veine. 

Merci docteur Jf! 
C'est lui qui s'est occupé du département des seringues.

La fin du 4e étage bientôt & ma vision de l'allaitement. 

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