Poussée de conscience

J'ai l'habitude de vous faire rire avec mes posts concernant les niaiseries de ma famille. 

Aujourd'hui, ce sera différent.

J'ai envie de me laisser aller sur le stress qui m'habite.

Un accouchement, c'est stressant. Un accouchement dans un autre pays, c'est un petit peu plus stressant. Un accouchement dans un autre pays avec ni famille, ni amis pour s'occuper de ton premier enfant pendant que tu es à l'hôpital à peaufiner ton allemand, ça, c'est le genre de truc qui ne quitte pas ma conscience. 

''Les enfants s'habituent vite à une nouvelle personne... Les enfants apprennent vite les nouvelles langues... Les enfants sont toujours OK en bout de ligne...''

C'est ce que vous me diriez pour me rassurer.

Mes amies et ma famille me demandent souvent si je suis prête pour l'accouchement, si je suis anxieuse...

À tous, j'ai répondu que Damien était pas mal mon seul stress. À l'hôpital, je me débrouillerai en temps et lieu si le personnel ne parle que l'allemand. J'ai des mains. Je suis capable de faire des signes. Sinon, dans le pire des cas, je suis certaine que mes expressions faciales traduiront ma pensée. J'ai déjà choisi ma face de si-tu-me-touches-je-te-mords.

Cette semaine, nous avons rencontré la potentielle gardienne de Damien, celle qui s'occupera de lui lorsque nous serons à l'hôpital. Elle viendra plusieurs fois dans les semaines à venir afin qu'il s'habitue à elle. En d'autres mots, si je crève mes eaux demain matin, je suis dans la merde. 

Son anglais n'est pas parfait, mais bon, celui de Damien non plus. On s'est entendus pour dire qu'ils apprendront l'anglais ensemble. 

Ici, toutes les filles de l'équipe pensent que Damien est un ange. Il est tellement timide. Il a de la difficulté à dire bonjour aux gens qui lui parlent. Il ne court pas avec les autres enfants qui s'excitent. Il préfère faire avancer et reculer ses petites autos tranquille. Si un enfant lui enlève quelque chose des mains, il ne dira rien. Je dirais qu'après une heure et demie avec les mêmes personnes, il commence à se dégêner. 

Ici, il ne va pas à la garderie. Il est un enfant à la maison, avec maman et papa. (Il est sur une liste pour rentrer à la seule garderie anglophone de la ville pour l'année prochaine.)

C'est pourquoi le fait de le laisser avec une ''quasi-inconnue'' me stresse autant. Je dois tout simplement me répéter que je n'ai pas le choix. 

Lorsque la gardienne est venue, Jf a bien ri de moi, car je lui ai tout expliqué. De fond en comble. Elle a dû sortir un calepin et prendre des notes. Sans blague.

Alors voilà. Pour ceux et celles qui se demandaient si j'étais stressée d'accoucher sur un autre continent, c'est la réponse que je vous donne.